LES TABLES RONDES

    MUSIQUE DE FILM, QUELLE CONTRIBUTION A LA CREATION CINEMATOGRAPHIQUE AU MAROC ?

    Tanger, le 19 septembre 2022

     

    Organisée par l'Union des Réalisateurs - Auteurs Marocains

     

    La musique de film est une composante essentielle de la structuration du film, et une partie intégrante de tout processus de création cinématographique. Son importance se manifeste dans la création d'une atmosphère particulière, selon les parcours et les enjeux artistiques des films, car elle permet d’explorer des territoires jusque-là insoupçonnés, en engageant l'oreille dans le processus de réception. Aussi facilite-t-elle le processus d'identification par un dispositif précis d’énonciation des sentiments, les rendant tangibles et saisissables, dans des situations heureuses ou tristes, d’expression d'amour ou de haine ou encore d’émotions contradictoires...

    Le cinéma international, en particulier celui des pays à forte industrialisation cinématographique, la bande originale est un moyen d'expression cinématographique important, auquel on accorde toute l’importance nécessaire. Ainsi, la musique de film a autant d’intérêt que le reste des composants du film, et ses créateurs jouissent de l’intérêt qui leur sied. Rien d’étonnant alors qu’on traite la musique sur le même pied d’égalité que les autres départements de la production au moment où il convient de réaliser le film. Certains cinémas nationaux ont même dépassé ce stade de mise en musique du film, et sont allés jusqu’à créer des comédies musicales dans lesquelles on se focalise sur le projet où dominent alors la musique, le chant et la danse. Et le cinéma de spectacle égyptien des années 40, 50 et 60, et sa grande armada de chanteurs et compositeurs immortalisés, en est l’exemple frappant.

    Le cinéma marocain, et malgré la présence constante de la musique originale dans les films signés des Marocains, cette présence reste négligeable, occupant des rangs inférieurs, et n'est (souvent) pensée que pour meubler l'atmosphère des films, c'est-à-dire ne jouant guère pleinement le rôle artistique qui lui est assigné et ne contribuant pas de manière créative aux significations d'enracinement. C'est pourquoi la musique est la roue de secours à laquelle pensent les réalisateurs en dernier lieu une fois le processus de montage terminé. Il y en a même qui recourent à des emprunts et piratent des créations musicales en disconvenant aux pratiques d’usage, sans faire référence aux ayants-droits, ni chercher à protéger ce qui leur est dû.

    Or, cet aspect des choses ne signifie pas que le 7ème art marocain n'a pas connu d'expériences cinématographiques célébrant la musique en général et la bande originale en particulier. Au contraire, depuis les premiers jours de l'émergence du cinéma dans notre pays, nous avons vu émerger des films qui ont accordé une place de choix à la mélodie et au chant. Référence est faite ici à : "Vaincre pour vivre" (Mohamed Tazi B.A), "Silence, sens interdit" (Abdallah Mesbahi, "Les Larmes du regret"- (Hassan Moufti), et surtout à "Amok" (Souheil Ben Barka) et "Whatever Lola wants" (Nabil Ayouche). Toutefois, il faudrait attendre l'expérience la plus marquante signée du réalisateur Kamal Kamal pour voir émerger le genre musical dans le sens plein du terme et ses films : "Symphonie Marocaine" et "Soto Voce".

    Malgré ce qui a été accompli dans notre jeune cinématographie ces dernières années, par la talentueuse vague d'auteurs de musique de film, dont certains ont montré de la qualité, et un enracinement singulier, il n’en demeure pas moins que cela reste, à notre avis, insignifiant. Nombre de nos cinéastes n'auront pas encore pris suffisamment conscience de la nécessité de donner à la musique la place significative dans le processus de création filmique, et peu tentent de se frayer une voie en vue de contribuer définitivement à l’édification d'une industrie comme cela s’entend.

    C'est pourquoi, l'Union des Réalisateurs Auteurs Marocains propose, dans le cadre des activités du FNF, d'organiser cette table ronde intitulée : « Musique de film, quelle contribution à la création cinématographique au Maroc ? ». L’URAM ambitionne d’ouvrir un débat sain et constructif au sein de la profession, sur une composante fondamentale de la création en cinéma, et ceci afin aussi de sensibiliser à l'importance de l'art musical en général et de la musique de film en particulier. Ceci permettrait de reconsidérer implicitement aussi la question de l’implication du patrimoine dans la promotion de la créativité dans le secteur.

    Pour ce faire, nous soumettons au débat ces axes de réflexion :

    • Musique de film : l'importance artistique et le rôle créatif dans la structuration du film, et dans quelle mesure elle contribue à communiquer le sens au destinataire.
    • Le cinéma marocain et la question de la créativité musicale, c'est-à-dire, y a-t-il une histoire du film musical/lyrique au Maroc, et quels sont ses symboles les plus célèbres.
    • Quelle est la place de l’auteur de musique dans la scène cinématographique marocaine ? Occupe-t-il aujourd'hui, après le cumul et l’évolution de la production, la place qui convient à sa position de créateur ?
    • Comment créer un cinéma qui célèbre le patrimoine musical marocain, et met de l’éclairage sur les héritages lyriques et folkloriques ?
    • Comment tirer profit de l’expérience mondiale afin de produire des comédies musicales à même de mettre en place un genre créatif à part entière ?

    Intervenant :

    Kamal Kamal : scénariste, réalisateur, producteur

    Fouad Souiba : scénariste réalisateur

    Younès Mégri : acteur, chanteur, compositeur de musique

    Joël Pellegrini : compositeur de musique, auteur de bande dessinée

    Modération :

    Abdessalam Al-Kheloufi : musicien.

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